top of page
  • Photo du rédacteurLa page Franche

La promesse de l'aube, Romain Gary

Dernière mise à jour : 28 nov. 2023

CHRONIQUE

La promesse de l'aube, Romain Gary.


Voilà une œuvre que je n'oublierai jamais. Quand je prononce ce titre à voix haute, je songe alors à la promesse tacite que sa mère a faite à Romain : l'aimer inconditionnellement, sans demi-mesure, tant est si bien que l'auteur ne vivra plus jamais un amour aussi passionné que celui qui l'unissait à sa mère. Cette promesse s'exerce dans les deux sens, car pour mériter cet amour, l'auteur travaille d'arrache-pied pour remplir sa mission : devenir un grand écrivain et sauver sa patrie en combattant au front.

Quand j'ai lu cette autobiographie, ce n'est pas seulement mon esprit qui s'est joint à Romain Gary, mais mon coeur tout entier qui a frémi à chacune des pages. Cette thématique de l'amour maternelle qui s'exprime en filigrane a fait écho à ma situation personnelle, si bien que certains passages ont touché une corde sensible tandis que d'autres ont su apaiser mon cœur meurtri.


Ainsi, cette lecture a été une étreinte. De la même façon que l'on raconte parfois notre histoire à quelqu'un pour le consoler, Romain Gary en a fait de même. En se mettant à nu, l'auteur m'a redonné espoir : le temps pansera mes blessures, et les vôtres également, si vous lui en donnez l'occasion.


Je ne saurais vous dire si Romain Gary a sa place parmi les grands écrivains tels que Tolstoï ou Victor Hugo comme le souhaitait sa mère, mais dans le mien, cet homme bénéficie de la plus haute place pour des raisons purement personnelles, je vous l'accorde, mais qui témoignent de la capacité de l'auteur à happer son lecteur par l’entremise d’une écriture intime qui dévoile sans fard les peurs, les doutes, les joies et les peines qui se tapissent chez ce garçon, puis chez cet homme qui vivra uniquement pour rendre fier sa mère et pour être digne de son amour.

Son individualité est étouffée par cette mère qui fomente de grands projets pour ce fils unique qui doit réussir coûte que coûte. Pas d'échec possible, uniquement un destin parsemé de réussites. Cette vie toute tracée, Romain Gary l'a épousée et du même coup, a abandonné ce "je" qui est devenu "nous". À plusieurs reprises, ce "nous", cette existence mêlée à celle de la mère apparaît de manière flagrante et montre combien Romain Gary ne se détachera jamais tout à fait de cet amour fusionnel, mais de l'aveuglement auquel il a été plongé émerge une lucidité extraordinaire au regard de cette relation mère/ fils dont il admet les effets délétère.

Par conséquent, en lisant cette autobiographie, il m'est apparu que Romain Gary faisait la reconquête de son "je" tant de fois opprimé par cette mère qui l'aimait trop. Je ne saurais donc que trop vous recommander cette lecture tendre et désarmante qui révèle avec courage les failles d'un homme.

Posts récents

Voir tout
bottom of page